Atelier  Philo

Le corps, la jouissance et le langage.

[Thème général : Passion / Désir / Besoin]

Mardi 29 Mai  2012  à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloître Grenoble

Séances précédentes :
La fonction du désir
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Présentation de l'espace philo :

L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : « la passion, le besoin, le désir » - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance, et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

 

à propos de l’Atelier du 15 Mai 2012 -Attirance, désir, envie-

« Amour » et « Sexe » font partie de ces mots qui font « chanter », stoppant ainsi toute réflexion : avec eux nous nous embourbons dans la subjectivité et ce, avec beaucoup de plaisir pour ne pas dire de jouissance ! Nous chantons, ou du moins nous parlons, mais ne « pensons » pas !

Or, avec « Attirance, désir, envie », le risque était grand de les tricoter, une fois avec « amour », une fois avec « sexe » selon … oubliant que l’enjeu de « l’attirance » et du « désir » est « l’altérité », tandis que celui de « l’envie » est mon « ego ». C’est cette position de « l’autre » qui est, en définitive, primordiale… l’autre avec son corps, sans doute, et tout son corps, mais peut-être pas seulement son sexe. D’où la question de la prochaine fois : « Le corps, la jouissance et le langage ? ».

Geneviève

 Atelier philo du 1er Mai  2012  - Amour, libertinage, exclusivité  [Notes de Daniel] 

>> les 3 termes associés dans le titre oriente vers une représentation essentiellement sexuelle de l’Amour . ( au sein de sa définition générale de sentiment d’attirance forte pour quelqu’un )

>> En dehors de toute référence morale, ce caractère sexuel caractérise une pratique, avec 2 aspects possibles, exclusifs l’un de l’autre, contemporains ou successifs : /p>

1- libertinage : activité multi-temporaire, variable répondant à un «  désir » sans réelle fixation sur l’Autre…réponse à un esprit d’aventures brèves, variées, recherchées comme un piment à « l’acte ». ou comme une manifestation de son autonomie, de son indépendance raisonnée, de son anticonformisme. ( cf. les libertins » )

2- exclusif, fixant son désir et sa réalisation dans la durée, avec fixation physique et subjective sur l’Autre. (accompagné ou non de fidélité).

CCet aspect «  sexuel » peut également être inconscient (cf. Amour filial…relations homme/-femme inconsciemment «  sexuelles), ou volontairement en dehors de toute «  consommation » estimée impossible . (amour dit «  platonique »). A l’opposé, «  l’acte » peut être considéré comme en dehors de tout «  amour » (prostitution ??? pas totalement ???). Ces manifestations sont en principe consenties de part et d’autre… sauf cas particulier du viol.

>>En effet, il n’y a pas que l’acte sexuel : un sentiment est toujours, (mais plus ou moins) associé, parfois (apparemment) prépondérant voire ressenti comme exclusif ( ?) : sentiment d’intérêt pour l’Autre ou attirance pure (mais est ce de l’Amour ?). « amitié » associée ou devenant prépondérante.) (cf. qs. de l’évolution des couples…). (différence avec l’amitié isolée) Parfois « adoration » (amour chrétien…). Amour et sexualité sont différents dans leurs manifestations.

>>Le caractère, les désirs profonds du «  Moi », ses attentes conscientes ou inconscientes ont un rôle important dans ces différentes éventualités. La recherche d’un « plaisir » est toujours présente. La relation purement physique, avec envahissement d’un désir purement sexuel est une réalité, mais n’est le plus souvent pas totalement isolée. Des sentiments « humains », envers soi et envers l’autre y sont associée, même sans traduction apparente. (qu’en est il des animaux ?? même chose ; « innée »( ?) , puisque des «  couples peuvent être, selon les espèces, toujours « fidèles » ou volages..).

>>La place de « l’Autre » : Il est toujours présent mais à des degrés très variables, de l’exclusivité absolue (supérieure parfois à sa propre personne : on peut se sacrifier pour la personne aimée), à une (apparente) ignorance : amour «  totalement » libertin du Don Juan, revendiqué comme tel. (amour «  égoïste » mais pas toujours, car peut être un choix assumé par les 2 protagonistes). Mais il y a toujours un choix du partenaire. La réciprocité n’est nullement obligatoire. Dans certains cas on reçoit l’amour, sans le chercher (hasard, rencontre, plus ou moins fortuite). D’autrefois est recherché un accompagnement prolongé.

>> Les manifestations de l’amour varient selon l’époque et les milieux de vie ; (qu’en dirait Proust ?!). rôle des traditions sociétales… et des « morales » fixant les formes et les limites.

( cp. manifestations d’amour dans les autre cultures).

« L’amour » est aussi un élément important de la création artistique.

Amour, libertinage, exclusivité. (Thème général : Passion, désir, besoin) [notes de Geneviève]

La mise en relation de l’ « amour » avec le « libertinage » et «l’exclusivité» implique d’emblée de devoir examiner, tout particulièrement, le statut du  « corps » et celle du « temps » dans ce rapport spécifique à l’autre.

Le « Libertinage » place le corps au centre de la relation à l’autre. Toute l’attention – et l’imagination humaine est grande - est focalisée sur la jouissance sexuelle car c’est elle qui sera source de renouvellement de l’énergie (tout à la fois du besoin et du désir). Dans une telle situation, quel rôle l’autre joue-t-il ? Simple jouet ? Simple partenaire de jeu ? De toutes façons un rapport à l’autre qui se joue dans un lieu et un temps définis. Mais que devient l’autre ce lieu quitté et ce temps « T » terminé ? Un étranger ? Quelqu’un dont on ne pourra plus jamais ne pas tenir compte ? Tout dépend, sans doute. Or de la réponse à cette question s’ensuit la possibilité de parler ou non d’amour.

Pour que l’on ne puisse plus ne pas tenir compte de quelqu’un, sans doute faut-il être conscient de ce qui, cette fois, était « en jeu » dans la rencontre : l’autre peut devenir constitutif de ma possibilité à m’insérer dans le cours de la réalité en me permettant de la travailler ; la réalité, cette fois-ci au centre de la relation, par son mouvement, fera perdurer ce rapport spécifique à l’autre ( – érotisée ou non, mais sachant que dans toute relation à l’autre « il y a » du sexe) et, sans doute pourrons-nous là parler d’amour. La vie n’attend personne. Mes orgasmes, mille fois répétés, ne suffiront pas à faire face à une quotidienneté multiple et exigeante. Mais, par contre, bien difficile est de vivre sans «les » autres (exclusivité ?!!), sans l’autre, sans ses multiples facettes, sans son regard, sa reconnaissance, son soutien, ses actes, ses différences et, par moment, le feu d’artifice du « sentiment », de l’  « émotion » dit d’amour que la conjonction de différents facteurs a fait surgir. A chacun de ne jamais oublier le Temps et son ouverture sur les possibles, quels qu’ils soient, mais aussi la puissance de la Mémoire.

« Eternellement rester étrangers l’un à l’autre, tout en restant éternellement proches : c’est donc la loi de tout amour, le caractère qui lui est imposé, et qui ne s’en retire jamais…

C’est une étoile inaccessible que nous aimons, et chaque amour est toujours une tragédie, - mais qui ne peut produire qu’en cette qualité ses effets immenses et féconds.»

Lou Andréas-Salomé Eros