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"Hommage aux fous"

un Roman de...

Jan TREFULKA

                                      romancier Tchèque

 né en 1929, décédé fin Novembre 2012

précédents : Lili Reynaud-Dewar
printemps2013 

"Il est deux voies par où l'homme ordinaire peut s'arracher à la "vie mutilée" : l'une est le long apprentissage de la culture et des livres ; l'autre, plus soudaine, imprévisible, peut s'ouvrir d'un coup ; et par cette brèche quelque chose passe qu'il faut bien appeler par son nom : la pensée. Penser, c'est alors sortir de l'existence quotidienne sans horizon, et n'y plus revenir. Penser n'est pas échafauder des concepts ou produire des oeuvres : penser, c'est avoir conscience de soi, et de ce que personne ne peut vous dicter votre vie.

La vraie pensée est involontaire. "Il n'y a pas de pont, écrit Gilles deleuze, il n'y a que le saut."

Danièle Sallenave

 in Le Monde du 10/07/1987

          "Hommage aux fous"

"Tu n'as rien compris, la mort n'est pas la simple fin de la vie, comme de fermer les yeux et de ne plus être, la mort c'est le fouet autant que la peau fouettée jusqu'au sang, la révolte autant que la chute, la rose autant que le poignard."        Hommage aux fous p.86  éd. Gallimard 1986

Il n'est certes pas aisé de reconnaître le visage de la mort. Une même réalité, selon l'angle sous lequel nons l'abordons, peut très bien servir des intérêts contraires. Cette réalité ne possède pas de valeur en soi ; sa valeur naît du réseau des relations qui s'établissent entre elle/ et les autres choses, entre elle/ et nous. Saisir ce réseau apparaît comme essentiel à notre prétention de liberté. Que serait en effet la liberté sinon la capacité de faire un bouquet avec l'irrémédiable ? Tâche difficile, car faut-il encore déterminer l'irrémédiable.

"Chaque con devient raisonnable quand on lui fait claquer le fouet au-dessus du dos, dit Dusa. N'importe quel veau a assez d'esprit pour devenir ministre, mais, Monsieur le Juge, la sagesse et le caractère, çà le bon dieu les a réservés aux fous."          Hommage aux fous  p.207

C'est dans le dédalle de cette conscience en quête d'elle-même que Cyril Dusas, héros du roman de Jan Trefulka, va nous emmener. Ce vieil homme, vivant comme un carcan le privant de toute liberté, sa vie ordinaire, décide un jour, au sortir de l'hôpital, de tout quitter : femme, enfant, maison, village, passé...et "d'explorer" une autre part de la vie. Que découvrira-t-il ? Peut-être, simplement, que l'extra-ordinaire ne vaut  pas plus, en-soi,  que l'ordinaire ! Mais peut-être faut-il parfois oser tenter cet écart : hommage aux fous !!!

Jan Trefulka, intellectuel (littéraire), engagé politique (contre le régime totalitaire communiste ; signataire de la "Charte 77" réclamant le respect des Droits de l'Homme), sera interdit de publication pendant de nombreuses années. Il a émigré en France en 1975.