Atelier  Philo

Quelles règles ?/Détermination du thème

Mardi 4 Septembre  2012  à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloître Grenoble

Séances précédentes :
La fonction du désir
Le corps, la jouissance et le langage
La jouissance au coeur des contraires
Bilan 2011/2012

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Présentation de l'espace philo :

L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : « la passion, le besoin, le désir » - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance, et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

 

Atelier philo « l’heure du bilan » le 26 juin 2012

Un certain nombre de contributions écrites au fil des ateliers philo permet de revenir sur ce qui a été débattu, réfléchi…et de garder une trace des thèmes abordés : « L’absolu et la raison » pour la première partie de l’année  2011/2012, « Passions-désirs-besoins » pour la seconde. Ces écrits sont rassemblés par Bernard JOURNET et à disposition pour ceux qui le souhaitent.

C’est un exercice qui a vu le jour l’année précédente et qui fait son chemin…tant mieux ! Un autre exercice expérimenté en cours d’année consiste à introduire le débat, pour celui ou celle dont l’angle d’attaque a été retenu à la fin de l’atelier précédent, de la manière et sous la forme qu’il ou elle choisit. Cette formule semble apporter satisfaction également.

Pour tenter de répondre à la difficulté, évoquée ce jour à l’occasion du bilan, de faire le lien entre les propos échangés et sa propre expérience ou son propre niveau de réflexion, de nouvelles propositions ont vu le jour pour tenter par exemple d’introduire le débat avant l’atelier philo, par internet. Ceux qui le souhaitent pourraient ainsi s’approprier la question posée, et commencer à y réfléchir ou à s’en imprégner. A suivre et à creuser.

J’ai envie d’essayer de retransmettre quelque chose de ce débat/bilan, car je l’ai trouvé très intéressant, et je pense qu’il pourrait se poursuivre pour amorcer l’année prochaine. Alors que j’étais venue dire que je n’étais plus très convaincue d’être à ma place dans cet atelier philo, je me suis retrouvée au cœur du débat animé qui a suivi. Si je reprends le fil de la soirée par le début, j’ai tenté de préciser ma pensée pour dire comment les derniers ateliers philo m’ont laissée toujours plus interrogative, face à un sentiment d’inaptitude…difficile à combattre. Les échanges lors de ce bilan m’ont permis de cerner mieux ce qui peut poser problème.

Il semble que la difficulté prenne racine au niveau de ces fameux présupposés, liés à des connaissances, que tout le monde n’a pas….et ne recherche pas forcément d’ailleurs, en venant à l’atelier philo… j’ai retenu cette intervention : « Oui, la manière de s’interroger sur les présupposés, sur leurs limites à un moment ou à un autre, font que l’on éprouve le besoin de comprendre…et ce faisant on acquière des connaissances, par la force des choses. Mais la différence, c’est que ce n’est pas le but ».

En cherchant ensemble ce qui peut bien empêcher certains de se joindre au petit groupe qui dialogue activement, une piste semble d’abord se nicher au niveau de ce que chacun vient chercher à l’atelier philo. Pour beaucoup il semblerait que ce soit plus de connaissances, en effet, même simplement en étant témoins et à l’écoute de la réflexion des autres… « Peut-on être acteur et témoin ? »... « Participe-t-on au débat en silence ? »  Pour d’autres encore, le plaisir de confronter les idées, pied à pied, l’emporte… Parmi les avis exprimés sur ces questions j’en cite quelques uns : « Dans l’atelier philo, ce n’est pas tant de la recherche de connaissance qu’il s’agit, mais de la recherche des modes par lesquels on arrive à une connaissance »…  « Oui mais… le -d’où vient la connaissance- ne fabrique-t ‘il pas -la connaissance- ? »…  « Non, tout n’a pas à être argumenté » « Tout doit-il passer par la raison ? »« Serait-ce à dire que l’expérience peut être versée au débat sans discussion ? »…  « Il ne s’agit pas d’argumenter son expérience, mais de s’interroger sur le fait de l’avoir mentionnée »…

Alors pourquoi ce ressenti difficile lorsque je suis trop souvent en silence…mais chaque silence est différent…le mien est parfois choisi, mais parfois non, et dans les deux cas la solution ne serait pas de me donner la parole sans que je l’ai demandée. Ce qui vient agiter mes émotions et mon intérêt au cours du débat ne trouve pas souvent une porte de sortie pour s’exprimer, et cette expérience semble partagée. « Le regard de chaque participant sur un sujet ou un autre m’intéresse, mais si ce regard dépasse de loin ma capacité de compréhension, parce qu’il s’appuie sur des acquis que je n’ai pas, alors je ne peux le relier à quelque chose qui me parle, au niveau où ça se trouve pour moi…et ce, même si je comprends les mots et les phrases… »

Chacun a des acquis, le temps passé en expériences et en vécu ayant autant de valeur que les acquis théoriques en sciences, en mathématiques ou en philosophie… «  Ce que je cherche, si je fais un gros effort pour le nommer, c’est peut-être la remise en question et la réflexion à propos du sens donné à différents aspects de la vie en société qui nous emmène, sans que nous nous en rendions compte, si nous n’y prenons pas garde, là où nous ne voulons pas aller, sans réfléchir, sans savoir regarder les choses autrement… Sont-ce là des connaissances ? Faut-il avoir un certain niveau de base pour y accéder ? Quel est-il ?»

Beaucoup de questions intéressantes ont été abordées ce soir, contre toute attente si l’on se réfère à la phrase qui l’a lancé et a surpris désagréablement quelques personnes, et c’était un bilan prometteur, dans la mesure où il y a eu du désir très partagé semble-t ‘il de résoudre un problème.

Nous sommes même arrivés à une question de fond peut-être, à savoir : «  Quelles sont les les raisons pour lesquelles certaines catégories de personnes…peut-être les femmes, peut-être les silencieux, peut-être les timides, peut-être ceux qui ne respectent pas la règle de s’interdire de ne pas comprendre… privent de leur potentiel de réflexion ceux qui trouvent au contraire leur place sans difficulté, avec passion et conviction dans le débat… »

Ceux-là mêmes qui à la fois nourrissent le débat, et à la fois le monopolisent…alors que d’autres sont dans la position de spectateur, ou de témoin… « Sont-ils frustrés et conscients de l’absence des autres ? Est-il est nécessaire de respecter la place prise en silence ou faut-il encourager la parole ? »

Le nombre de questions posées ce soir et la richesse des échanges me donne envie de continuer encore… voir si l’on réussit, avec de nouvelles idées…à trouver quelques réponses ?

Sylvette.

A propos du dernier atelier philo du 26 juin 2012 : bilan de l’année…

Dans une société où « vivre » se limite souvent avec « correspondre à un modèle », avoir des connaissances  et comprendre  sont souvent confondus : si je ne « comprends » pas, c’est parce que je suis une femme (mes moyens de connaissances ou mes connaissances sont différentes de celles de l’homme) ; si je ne « comprends » pas, c’est parce que je n’ai pas « les connaissances ».

Or pourquoi ne pas envisager d’  « inventer » sa vie ? Il est certain qu’à partir de ce moment, penser va devenir nécessaire : il va falloir analyser la situation donnée pour apporter une réponse ajustée. Quel rapport est entretenu entre ma pensée et « les connaissances établies » ? entre ma pensée et « les pensées ambiantes » ? entre ma pensée et « mon histoire personnelle (mes personnages sociaux, par exemple) » ? entre ma pensée et « moi-même » ?  La seule fonction de l’atelier ne serait-elle pas là : apprendre à louvoyer dans cet entre-deux, pour comprendre les situations et avoir des idées pour y répondre ?

Alors, c’est vrai, à la sortie, pas de certitudes, pas de Vérité, tout au plus un dévoilement : à chacun son « faire », avec son corps, ses affects, sa structure mentale, en écho avec ceux des autres. A chacun sa « jouissance » de la vie qui oublie rarement de nous présenter la note de nos erreurs : instant certes privilégié, où notre instabilité font se présenter à notre porte le « maître » qui sait, l’ « homme de pouvoir » qui veut contrôler les pensées, le « gourou » qui vous aime !

Geneviève