Atelier  Philo

La pensée est-elle réductible à la matière ?

[Thème : Quelle est la nature de nos pensées ?]

Mardi 10 Décembre  2013 à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloîtres Grenoble (tél. 04 76 54 44 71)

Image : 
"Matière et conscience" a été écrit par Paul M. Churchland, philosophe contemporain qui développe une philosophie matérialiste s'appuyant sur les neurosciences et le connexionnisme informatique.




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L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : «.Quelle est la nature de nos pensées ?» - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance (qui peut être mise en ligne quelques jours avant la réunion), et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

       Texte de présentation :

    La pensée est-elle réductible à la matière ?

    Pourquoi poser cette question, peut-être aussi ancienne que la philosophie, qui ne peut se résoudre en un soir ?

    Sans prétendre à cette résolution, nous ne devons pas ignorer un problème qui s’est invité de lui-même dans notre débat sur la nature des idées et de la pensée. C’est une toile de fond, un horizon culturel qu’il faut baliser et questionner, pour éclairer le débat : « baliser » en résumant quelques réponses données par la tradition philosophique ; « questionner » ses propres positions, souvent présentées comme des évidences dans la discussion, en distinguant celles qui relèvent d’un savoir et d’une croyance. Cet exercice n’aboutira probablement pas à un consensus, tant il est difficile de s’accorder sur les critères qui distinguent un savoir réel d’une croyance. Mais il permettra de dépassionner le débat, en montrant à chacun le lieu d’où il parle : si je découvre que je ne suis pas l’auteur autonome de mon discours, mais le porte-parole d’une tradition philosophique ou d’un système de croyances, ne serais-je pas moins sur la défensive, et plus enclin à laisser évoluer « ma » position ?

    La question du lien entre la pensée et la matière peut se poser sous deux angles, selon « l’être » ou au niveau des concepts.

    L’être se divise-t-il réellement en deux composantes irréductibles, une substance « séparée » de la matière (Monde intelligible, Ame du monde, Dieu, Esprit…) et une substance « matérielle » qui recevrait sa forme, son mouvement, sa vie de la première substance ? Pour Platon, c’est l’âme immortelle qui « anime » le corps et pense.  Dans un autre cadre conceptuel, Descartes maintient ce dualisme entre la « substance pensante » et la « substance étendue ». Mais l’histoire de la philosophie est traversée par un courant matérialiste qui s’oppose à la thèse dualiste, en affirmant l’unicité du principe naturel et la réductibilité de la vie et de la pensée à la matière. Pour l’atomisme antique, la pensée relève aussi du principe matériel, les atomes vecteurs de la pensée étant simplement plus ténus et plus rapides que ceux de la matière corporelle ; la pensée ne diffère donc pas du corps par une différence de nature, mais seulement de degré et de qualité, et elle se dissout avec lui. Au 16ième siècle, Giordano Bruno reconnaît l’existence d’une seule matière, vivante et pensante, qu’il identifie avec la Nature et Dieu. Au 18ième siècle, Denis Diderot soutiendra dans une intuition assez proche de Giordano Bruno, l’existence d’une matière unique, vivante et pensante.

    D’abord minoritaire, la tradition matérialiste s’est finalement imposée comme le paradigme le plus vraisemblable, à partir du 19ème siècle, grâce aux progrès de la biochimie, des sciences du vivant et actuellement des sciences cognitives. Le dualisme ontologique semble aujourd’hui difficilement défendable mais la question de la distinction conceptuelle entre pensée et matière, reste ouverte. Car les concepts ne rendent pas seulement compte de la réalité, mais des points de vue possibles. C’est une chose d’affirmer « C’est la matière qui pense » en adoptant un point de vue scientifique et universel ; mais cette affirmation suffit-elle à rendre compte du « Je pense », voire de « Quelque chose pense » si l’on veut faire l’économie d’un « je » distinct de la pensée individuée ?

    Il reste un écart irréductible entre les mécanismes de pensée, objectivés par les sciences cognitives et associés à des processus matériels, et la vie de la pensée, le monde intérieur tel qu’il se présente à nous ou plutôt qui nous constitue. Cette irréductibilité entre les points de vue externe et interne sur une même substance, justifie l’approche de la Phénoménologie qui se consacre au monde intérieur, à la pensée dans sa manifestation, pour lui redonner sa dignité propre. Le vis-à-vis entre les processus cognitifs observables et la vie intérieure rend hommage à la thèse spinoziste du « parallélisme », qui définit « l’étendue » et la « pensée » comme deux « attributs », deux points de vue distincts et complémentaires sur la substance unique et infinie.

    Ce texte a été écrit par "Régis" dont le sujet avait été retenu la dernière fois : il servira de point de départ à la discussion.

     

     

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