Atelier  Philo

Peut-on penser l'origine de la réalité ?

[Thème : L'origine de la notion de réalité]

Mardi 11 Juin  2013 à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloîtres Grenoble (tél. 04 76 54 44 71)


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L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : « L'origine de la notion de réalité » - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance (qui peut être mise en ligne quelques jours avant la réunion), et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

       Présentation :

    Café Philo – « Peut-on penser l’origine de la réalité ? » - 11 Juin 2013

    « Peut-on penser l’origine de la réalité ? ». Cette question comprend plusieurs subtilités, à commencer par celle qui réside d’abord dans le sens que l’on met derrière le terme de « penser ». Car en effet, bien entendu, on « peut » « penser » l’origine de la réalité, puisque l’intelligibilité même de la question le présuppose. L’expression « origine de la réalité », dans la mesure où on la comprend, atteste de la possibilité de la penser. Mais peut-on connaître par là quelque chose ? Ne pense t-on pas par là quelque chose que l’on ne peut pas, en un certain sens, vraiment comprendre ? On conçoit en une certaine « Idée » l’origine de la réalité, mais il semble que l’on ne puisse pas atteindre une connaissance qui nous permette de mesurer cette « Idée » à quelque chose de tangible et d’observable, et on est donc plus ou moins contraint de reconnaître qu’il n’y a là « qu’une idée », et que, quoique l’on pense « quelque chose » dans cette idée, en un certain sens, on ne pense rien, puisque qu’aucun objet ne correspond à cette « Idée ».

    En conséquence de quoi il semble nécessaire d’abandonner cette « Idée », jugée dès lors « métaphysique », pour engager une compréhension de l’origine qui part des faits donnés et qui tente de comprendre leur genèse. C’est cette approche, nous semble t-il, que l’on peut qualifier de généalogique. A cet égard, il faut remarquer que, sans que ce soit spécifié thématiquement, un décalage s’opère au niveau de ce qui est rangé sous le titre de « réalité ». Car si la question métaphysique de l’origine de la réalité porte sur la réalité en tant que telle, c'est-à-dire sur l’origine de toute la réalité dans son ensemble, la forme généalogique du problème, elle, situe d’emblée une variété de réalités multiples qu’elle aborde sous l’angle proprement généalogique : par exemple l’origine des sociétés, des mythes culturels, ou encore l’origine de la formation de la terre et de son atmosphère, ou encore l’origine du vivant, etc.

    On est alors satisfait d’avoir une approche tangible du problème de l’origine. Mais ce que l’on remarque peut-être moins, c’est que l’on opère toujours avec cette idée là, à savoir l’idée de l’origine. Et on pourrait même redoubler le problème en se demandant qu’elle est l’origine de l’idée d’origine, en prenant cette question au sérieux et hors toute plaisanterie. Et si l’on cherche généalogiquement dans cette direction, on trouvera, et sans doute avec l’aide de l’anthropologie, que dans toute culture il y a un mythe des origines. Le mystère de la vie et de la mort, du cycle des saisons, du destin, de l’enchantement et de l’anéantissement, scelle le propre de l’existence humaine, puisque l’homme est manifestement le seul être qui soit le témoin concerné de l’ordre des choses ; et du coup si l’on saisit le problème ainsi, la pensée de l’origine apparaît être le propre de l’homme. Mais il n’y a là, non plus seulement une idée, mais bien une réalité ordonnée qui fonde cette question. Si l’on cherche alors à comprendre cette question, on voit que c’est d’abord l’univers dans sa composition qui nourrit la question de l’origine. A cet égard je pense au mythe grec d’ouranos et de gaïa, le Ciel et la Terre. Certains croient dans « Dieu le Père », d’autres dans « Mère nature ». Il y a là sans doute des « modèles fondamentaux » pour penser l’origine. Car on peut retrouver là, je crois, l’antinomie dont nous étions partis, entre l’approche « métaphysique » et « généalogique » du problème de l’origine. En effet l’approche « métaphysique » cherche à comprendre l’origine absolue, en langage kantien « inconditionnée », de la réalité. Pour nous c’est un peu Dieu le père que la métaphysique thématise là. A l’opposé la généalogie cherche dans « la Terre » l’élément de l’origine, elle reconduit l’enfant à ses parents, les parents à la nature…et ? Il faut bien se demander aussi d’où vient la nature…mais cela on peut chercher, et en un certain sens en vain, à le comprendre ; on ne peut sans doute que le méditer, le conjecturer, le croire, ou même y renoncer ou encore le nier, mais une chose est sure : fermer l’approche de l’origine est le privilège d’une forme de culture évoluée qui repose à ses racines, justement, sur la question de l’origine. Le passage du mythe à la métaphysique, et de la métaphysique à la science n’est que l’élaboration toute concrète et historique du problème originel de l’origine. On peut bien donc penser que l’homme est l’origine du problème de l’origine, mais on peut aussi poser le problème de l’origine de l’homme lui-même, et de là remonter au problème de l’origine absolue, dans un espace de questions où chacun peut trouver sa liberté.

    David

     

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