Atelier  Philo

Comprendre le monde est-ce le penser ?

[Thème : Quelle est la nature de nos pensées ?]

Mardi 29 Octobre  2013 à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloîtres Grenoble (tél. 04 76 54 44 71)

Image : 
Michel Foucault, philosophe français contemporain (1926-1984)
[cf. parmi ses  écrits : Les mots et les choses, Histoire de la sexualité, l'Ordre du discours]
"Déplier, toujours déplier - expliquer"...


Retour vers Ecouter-Regarder
Retour vers la dernière séance

L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : «.Quelle est la nature de nos pensées ?» - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance (qui peut être mise en ligne quelques jours avant la réunion), et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

       Présentation :

    L'enjeu du débat pour moi est de savoir si l'humain peut penser et comprendre ce qu'est le monde, c'est-à-dire en voir et en connaître la clef, l'explication, le principe, et y participer, comme on comprendrait une équation ou une mélodie pour composer avec elle.

    Penser, c'est s'inscrire dans un processus diachronique, intellectuel et discursif. La compréhension qui suit ou non la pensée est pour moi du domaine de l'instant, de la sychronicité, et s'accompagne d'une émotion.

    J'entends par "monde" l'Univers qui nous entoure, présent sur la Terre, interagissant avec elle, continuant à nous fournir les éléments qui nous composèrent, formés dans les étoiles, et la lumière du Soleil, l'oxygène des arbres, les champs magnétiques qui équilibrent les astres et les êtres, l'air qui entre en nous et nous permet de parler... Cette matière et ces ondes permettent à notre intelligence, notre conscience, notre joie ou notre souffrance, d'être, et demandons-nous s'il y a un sens à croire que tout un univers n'a cherché l'intelligence que d'un seul être ou plutôt si l'Univers n'a pas tout entier cette intelligence et cette sensibilité qui sont les nôtres.

    Et déjà, en pensant à ces quelques exemples, on peut pour moi commencer à comprendre comment tout est lié et se métamorphose, comment les choses passent d'un corps à un autre pour se donner la vie sous une autre forme.

    Si on inverse la généalogie en disant que l'Univers n'est que la projection de notre propre pensée, en tout cas alors notre pensée agit bien sur nous-mêmes, nous échappe, nous détruit, nous surprend et nous la contrôlons que peu, et il faut y intégrer la projection des autres pensées et de toutes les créatures.

    Quand j'ai proposé la question, c'était qu'il me semblait qu'il manquait une dimension  au débat en cours sur le langage et la pensée, à savoir une compréhension sensible du monde. Penser c'est pour moi peser, vérifier la validité d'un argument par la raison, par l'expérience.

    Qu'est-ce que j'entends par "sensible" ? C'est une façon de ressentir les choses, que je n'associe pas à la subjectivité, même si la subjectivité s'y associe souvent, mais à une certaine émotion connaissante qui vient de la saisie d'une vérité importante, propre à éclairer plus largement et profondément notre compréhension du monde, et à nous faire y évoluer de façon plus libre, plus consciente, plus créative, plus belle.

    Comprendre le monde passe d'abord par divers moyens de l'appréhender. Les cinq sens nous disent les différents champs qui nous entourent : parfums, sons, ondes lumineuses, saveurs... Un certain nombre de machines nous ont révélé d'autres formes qui nous entourent : champs magnétiques, photons, bactéries... Pour voir plus loin et plus profond, nous avons besoin de télescopes et microscopes, puis la pensé, par les équations et les calculs, comprend ensuite les lois de cet univers en créant un système de références mathématiques. Dans une autre dimension, seul l'esprit peut se voir lui-même, imaginer, rêver, se souvenir. Les cinq sens et les machines n'ont pas accès à l'esprit où la pensée prend le relais. Pourtant lui seul pense le monde.

    Notre pensée du monde ne doit donc pas être bridée par une appréhension partielle, tronquée de son Réel. Tant que nous limiterons notre essai de compréhension du monde à certains outils seulement, nous ne pourrons le saisir ou en être saisi.

    Pour résumer, le monde s'étage sur de très nombreux plans dont chacun se perçoit par un outil, une faculté précise. Sans parler des différents plans temporels et du jeu perpétuel de transformation des ondes en particules et des particules en ondes. Le sutra du coeur, le plus célèbreenseignement du Bouddha, dit aussi : le vide est forme et la forme est vide.

    Par ailleurs, une chose très important est que nous interagissons avec le monde.

    L'Univers non seulement change pour nous lorsque notre regard change, mais notre transformation le transforme aussi matériellement, comme le feu réveillé transforme la glace en eau et en vapeur. Notre propre transformation conditionne notre connaissance du monde.

    En m'approchant d'une personne avec amour, compréhension, en lui faisant comprendre sa valeur, je peux l'amener à se libérer. Je ne parle pas de sensiblerie ou de manipulation, mais du fait que notre propre expérience, notre propre connaissance du monde, notre énergie, nos capacités nous transforment nous-mêmes et transforment le monde, et nous obligent à nous penser, lui et nous, différemment. Le psychiatre Jung, en refusant de considérer comme possédée ou simplement hystérique une jeune fille, et en comprenant ses noeuds familiaux, la libéra de sa souffrance parce qu'il avait suffisament de bienveillance, de confiance et de connaissance. La génétique sait aujourd'hui que deux jumeaux au capital identique en naissant quittent la vie avec de génomes différents en fonction de ce qu'ils ont mangé, fait, expérimenté. C'est à dire en fonction de leur choix. D'où tout l'enjeu de la connaissance et du choix.

    Le monde est avant tout à expérimenter, et seule l'avancée de notre expérience nous ouvrira les portes de sa compréhension. Pour cela, il faut accepter de quitter certaines croyances ou convictions, certains modèles établis. L'exemple d'Hubble, le télescope qui se déplace dans l'Univers, montre aussi que quitter nos orbites est indispensable pour avoir une vision plus étendue du réel et pouvoir le penser et le comprendre.

    Il y a des choses que je ne peux comprendre qu'en acceptant d'autres moyens d'accès à la connaissance. Certains appartiennent à la technique, d'autres à mon esprit seul. C'est ce qui rend indispensable l'expérience "spirituelle" au sens propre : méditation, yoga, prière, chamanisme, rêve, contemplation, arts même... qui donnent suffisamment de paix et/ou d'énergie à l'esprit pour lui donner aussi l'expérience d'autres réalités de la nature de l'homme et de l'univers.

    J'en reviens par là à cet amour que je définis comme une connaissance alliée à un désir de libération et de création. Comprendre le monde, c'est comprendre cela, cette aspiration de tous les êtres au bonheur, que je dois respecter, aider en commençant par moi-même. Cette compréhension m'amène à la nécessité de l'harmonie qui permet la coexistence de ces aspirations, dont la violence du monde est la négation.

    Penser le monde peut amener très loin, si la pensée accepte de tout penser, amenant à la compréhension de l'unité du monde, où les atomes, les électrons deviennent en nous des soleils et des planètes. Connaissance de l'Unité qui nous engage ensuite à agir avec elle pour lui permettre de vivre dans la diversité, sa multiplicité dans le monde.

    Ce texte a été écrit par "François-Marie" dont le sujet avait été retenu la dernière fois : il servira de point de départ à la discussion.

     

     

Séances précédentes :

Passion, désir, besoin

La fonction du désir

Le corps, la jouissance et le langage

La jouissance au coeur des contraires

Bilan 2011/2012

Peut-on penser/maîtriser le changement ?

Quelles règles ? Détermination du thème.
Peut-on penser/maîtriser le changement ?
Doit-on connaître pour maîtriser ?
Le changement : contrainte ou choix ?
Que devons-nous changer ?
Qu'est-ce que penser le changement ?
Le rôle de l'intersubjectivité dans la pensée et la maîtrise du changement ?
Changement ou éternel retour ?
Fin du thème : Peut-on penser/maîtriser le changement ?

L'origine de la notion de réalité

L'origine de la notion de réalité
Est-ce qu'on voit ce que l'on croit ou est-ce qu'on croit ce que l'on voit ?
Toute pensée est-elle une réalité ?
Au commencement, était-ce le Verbe ?
La conscience est-elle dans la réalité ?
Le réel est-il intelligible ?
Le réel comme présence ou comme croyance ?
Comment le faux peut-il produire le vrai ?
Le rôle de l'émotion dans la recherche de la vérité ?
L'art permet-il de connaître l'origine de la réalité ?
Peut-on penser l'origine de la réalité ?
Comment peut-on dire qu'une chose est imprévisible ?
Détermination du thème

Quelle est la nature de nos pensées ?

Qu'est-ce qu'une idée ?
Est-ce que la pensée est un processus continu ?
Quelles sont les relations entre le langage et la pensée ?