Atelier  Philo

Peut-on faire un atelier philo sans mots ?

[Thème : Quelle est la nature de nos pensées ?]

Mardi 29 Avril  2014 à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloîtres Grenoble (tél. 04 76 54 44 71)

Image :
Ouvrage de Thomas NAGEL
philosophe américain né en 1937
(philosophie analytique)






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L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : «.Quelle est la nature de nos pensées ?» - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance (qui peut être mise en ligne quelques jours avant la réunion), et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

       Texte de présentation :

    Peut on faire un atelier philo sans mots ? mardi 29 avril 2014

    Certes, les idées de Bernard ne sont peut-être pas que les idées de Bernard.

    Certes, Bernard évoquant cette question n’a peut être fait que formuler différemment des idées qui étaient « dans l’air »

    Certes le jugement sur la « plus-value » d’une idée, son caractère novateur, est très relatif à l’état de mes connaissances sur le sujet.

    Il n’empêche que c’est quand même bien le cerveau de Bernard qui à « cristallisé » cette formulation !

    Finalement mon apport à moi est assez mineur… je n’ai fait que la reprendre au vol, pour vous la proposer et pour que VOUS la reteniez.

    … et il va bien falloir

    1/que Bernard l’assume

    2/que chacun des votants assume l’écho que cette question à fait en lui.

    Voilà. Me sentant un peu plus léger, je vais pouvoir réfléchir sur le sujet avec moins de pression et plus sereinement !

     

    Logique et méthode. Antoine Amauld et Pierre Nicole, La Logique ou l'art de penser (1662)

     

    « La Logique est l'art de bien conduire sa raison dans la connaissance des choses, tant pour s'en instruire soi-même que pour en instruire les autres. Cet art consiste dans les réflexions que les hommes ont faites sur les quatre principales opérations de leur esprit, concevoir, juger, raisonner, et ordonner.

     

    On appelle concevoir la simple vue que nous avons des choses qui se présentent à notre esprit, comme lorsque nous nous représentons un soleil, une terre, un arbre, un rond, un carré, la pensée, l'être, sans en former aucun jugement exprès.

     Et la forme par laquelle nous nous représentons ces choses s'appelle idée.

     

    On appel juger l'action de notre esprit par laquelle joignant ensemble diverses idées, il affirme de l'une qu'elle est l'autre, ou nie de l'une qu'elle soit l'autre, comme lorsqu'ayant l'idée de la terre, et l'idée de rond, j’affirme de la terre qu'elle est ronde, ou je nie qu'elle soit ronde.

     

    On appelle raisonner l'action de notre esprit par laquelle il forme un jugement de plusieurs autres ; comme lorsqu'ayant jugé que la véritable vertu doit être rapportée à Dieu, et que la vertu des païens ne lui était pas rapportée, il en conclut que la vertu des païens n'était pas une véritable vertu.

     

    On appelle ici ordonner l'action de l'esprit, par laquelle ayant sur un même sujet, comme sur le corps humain, diverses idées, divers jugements et divers raisonnements, il les dispose en la manière la plus propre pour faire connaître ce sujet. C'est ce qu'on appelle encore méthode. Tout cela se fait naturellement, et quelquefois mieux par ceux qui n'ont appris aucune règle de logique que par ceux qui les ont apprises. »

     

    Que fait on à l’atelier philo ? partageons nous nos conceptions, nos jugements, nos raisonnements ou nos ordonnancements ?

     

    Pourquoi faudrait-il philosopher sans mots ? et qu’est ce que veut dire « sans mots » Quelqu’un m’a dit récemment que « le langage était pour les ignorants » qu’a-t’il « voulu dire » par là ?

    Qu’est ce qui pose problème ? Est-ce l’idée en tant que telle, en tant que concept, qui vient réduire ma conception, mon intuition ? ou est-ce le jugement ?

    Quel élément de connaissance puis je tirer d’une telle assertion (apparemment un peu radicale !) quelle conception il y a-t-il derrière cette conception ?

    Que perd-elle par exemple en étant formulée, en passant au stade d’une IDEE ?

    Que perdrait cette idée en passant au stade du JUGEMENT ? Il y a-t-il une différence de nature entre une idée et un jugement ? ne sont ils pas compris l’un dans l’autre ?

    Que prétend-t’on faire à l’atelier ? fait-on un travail individuel de mise à plat de nos propres idées/jugement/ raisonnement/ordonnancement ? Se sert-on simplement du groupe comme faire valoir permettant d’expliciter, de formuler rationnellement quelque chose qui nous est propre… ?

    ou fait-on un véritable travail collectif ou 1+1 est non seulement égal à 2 (sans perte dans le calcul) mais pourquoi pas 1+1=3 ?

    A priori, toujours selon ce texte, avec l’échange verbal on quitte le stade de la conception pour celui des idées.

    Mais dans le cadre d’un processus dit « philosophique », n’aurait t’on pas intérêt à ralentir le passage au stade suivant ? N’y aurait-l rien à gagner à rester dans l’échange d’idée sans passer au stage du jugement ?

    Si il y a richesse dans le caractère « collectif » d’une production, alors trouvons des outils qui augmentent la qualité de l’échange.

    Est-ce que je m’enrichis de l’autre en l’écoutant raisonner logiquement, ou en écoutant simplement ses idées ?

    Est-ce que admirer les prouesses de raisonneur de quelqu’un, c’est du même ordre que de vouloir découvrir sa différence, sa singularité ? ce qui m’intéresse dans l’autre…. C’est moi ou c’est lui ?

    .

    Pourrions-nous trouver une méthode, qui nous permettrait d’échanger nos conceptions sans nos jugements ?

    A moins que je me fourvoie complètement… et que ma recherche de l’ineffable soit une « pensée obscure » , voir une absence de pensée, un défaut de langage… que penser sans mots soit une « tentative insensée ».

    A moins que la pensée, comme apparemment le pense Hegel, ne puisse se faire que par le mot, que par l’union intime de l’interne (la subjectivité) et de l’externe (l’objectivité du mot).

    A moins que la pensée, comme apparemment le pense Merleau Ponty (merci au texte porté par Moustapha) soit de la pensée formée dans et par le langage.

    Penser ma pensée est il seulement possible ?

    Laurent via Bernard

    « Il est curieux de constater que si l'on admet aisément que la pensée a besoin de signes matériels pour s'expliciter elle-même et se communiquer, il est fréquent d'entendre que le langage articulé, l'utilisation des mots,  n'est qu'une manière particulière de répondre à cette nécessité, au même titre que d'autres, telles que les images ou les divers modes de l’expression artistique. Or, si il est clair que si le langage a ses limites dans l'expression de la pensée, et que celle ci, par le langage, a ses limites dans la compréhension du monde qui m'entoure, le langage articulé dont l'homme dispose semble bien rester l'outil principal, à la fois par lequel ma pensée se constitue, et celui par lequel elle se communique. Le prochain thème de réflexion de l'atelier philo (le 29 de ce mois) nous en fera peut-être la preuve: "Peut-on faire un atelier philo sans les mots?"

    Ce qui est écrit au-dessus est à relativiser à nos langues indo-européennes fonctionnant avec un langage articulé composé de mots. La langue chinoise qui fonctionne aussi avec un langage articulé ne fonctionne pas avec les mots comme éléments de base mais avec des sinogrammes. L’essentiel semble donc ici l’utilisation d’un langage articulé, composé de mots ou de sinogrammes, et non les mots eux-mêmes. Reste à voir avec JULIEN en quoi la différence comme éléments de base entre les mots et les sino-grammes a une influence sur le mode de pensée lui-même ; c’est là un autre problème lié au fait que comme le dit JULIEN lui-même, « nous pensons dans nos langues ».

     Bernard.

     

     

     

    Ce texte a été écrit par "..." dont le sujet avait été retenu la dernière fois : il servira de point de départ à la discussion.

     

     

Séances précédentes :

Passion, désir, besoin

La fonction du désir

Le corps, la jouissance et le langage

La jouissance au coeur des contraires

Bilan 2011/2012

Peut-on penser/maîtriser le changement ?

Quelles règles ? Détermination du thème.
Peut-on penser/maîtriser le changement ?
Doit-on connaître pour maîtriser ?
Le changement : contrainte ou choix ?
Que devons-nous changer ?
Qu'est-ce que penser le changement ?
Le rôle de l'intersubjectivité dans la pensée et la maîtrise du changement ?
Changement ou éternel retour ?
Fin du thème : Peut-on penser/maîtriser le changement ?

L'origine de la notion de réalité

L'origine de la notion de réalité
Est-ce qu'on voit ce que l'on croit ou est-ce qu'on croit ce que l'on voit ?
Toute pensée est-elle une réalité ?
Au commencement, était-ce le Verbe ?
La conscience est-elle dans la réalité ?
Le réel est-il intelligible ?
Le réel comme présence ou comme croyance ?
Comment le faux peut-il produire le vrai ?
Le rôle de l'émotion dans la recherche de la vérité ?
L'art permet-il de connaître l'origine de la réalité ?
Peut-on penser l'origine de la réalité ?
Comment peut-on dire qu'une chose est imprévisible ?
Détermination du thème

Quelle est la nature de nos pensées ?

Qu'est-ce qu'une idée ?
Est-ce que la pensée est un processus continu ?
Quelles sont les relations entre le langage et la pensée ?
Comprendre le monde, est-ce le penser ?
Les différents modes de conscience ?
Peut-on penser l'impensable ?
La pensée est-elle réductible à la matière ?
Quel phénomène fonde l'expression "la pensée" ?
Peut-on penser sans croyance ?
Peut-on entraver la liberté de penser ?
Y-a-t-il des liens entre la liberté individuelle et les libertés collectives ?
L'esclave : oui-non ou plus ou moins ? de qui ou de quoi ? ?
La réflexion dégrade-t-elle l'intuition ?
Peut-on définir la conscience ?
Peut-on penser sans langage ?