Atelier  Philo

Tous les arguments sont-ils recevables ?

[Thème : Quelle est la nature de nos pensées ?]

Mardi 24 Juin  2014 à 20h30


Lieu : le Ness
3, rue Très-Cloîtres Grenoble (tél. 04 76 54 44 71)

Visuel : Pablo Picasso
         Jeune Coq








Retour vers Ecouter-Regarder
Retour vers la dernière séance

L’ATELIER PHILO…

Historiquement, « l’atelier philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés philo » des années 1995-2005.

-          Dans la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ; chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de compréhension et de critique.

-          Dans la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal de l’atelier.

Le thème retenu – actuellement : «.Quelle est la nature de nos pensées ?» - ne change pas à chaque séance, mais se poursuit sur plusieurs mois, voire l’année…Il donne lieu à une présentation personnelle au début de chaque séance (qui peut être mise en ligne quelques jours avant la réunion), et chaque participant est invité à rédiger une « trace » (compte rendu ou réaction subjective) distribuée la fois suivante, mais également consultable sur ce site.

  1. Texte de présentation  : Tout argument est il recevable ?

    Avant dentrer dans le sujet, on peut faire cette remarque :

    ... quand mon adversaire réfute ma preuve et que cela est considéré comme une réfutation de

    ma thèse elle même, alors que celle-ci peut être étayée par dautres preuves; auquel cas, bien

    entendu, le rapport est inversé, en ce qui concerne cet adversaire : il lemporte finalement, bien

    quil ait objectivement tort

    Autrement dit, le débat autour de la validité des arguments concerne le plus souvent pas

    directement la justesse dune proposition ( à moins que tous les arguments de cette proposition

    soient réfutables) .

    Aussi, soyons bien convaincus de ce que nous cherchons tous à faire :

    ... si nous étions fondamentalement honnêtes, nous ne chercherions rien dautre, en tout débat

    qu’à faire sortir la vérité de son puits, en nous souciant peu de savoir si une telle vérité apparaît

    finalement conforme à la première opinion que nous ayons soutenue ou à celle de lautre; ce qui

    serait indifférent, ou du moins dimportance tout à fait secondaire.

    Et le travers à éviter qui consiste finalement à viser les moyens plutôt que la fin : Chez la plupart

    des hommes la vanité innée est accompagnée dincontinence de langage il faut que le vrai

    paraisse faux, et le faux vrai.

    Voilà : Schopenhauer à formulé clairement dans les première pages de Lart davoir toujours

    raison un préalable intéressant à lobjet de ce débat, bien quavec avec quelques convictions

    contestables sur la nature supposée viciée de lhomme, mais on ne peut décemment pas lui en

    vouloir : le pêché originel a été si continuellement distillé dans nos esprits quil était encore à

    l’époque difficilement contestable.

    Nous cherchons à faire sortir la vérité de son puits et la force des arguments peut nous y

    aider. Cependant un argument réfutable ninvalide pas nécessairement une thèse, pas plus

    quun argument irréfuté ne la valide.

    Alors quavons nous à dire ?

    Est ce prouver que nous avons raison ?

    au risque ne pas entendre les arguments qui pourraient nous permettre dy voir plus clair sur les

    fondements de nos convictions.

    Est ce une opinion que nous avons besoin de proposer pour en entendre en retour les possibles réfutations ?

    Est ce une conviction mainte fois éprouvée et confirmée ?

    Dans ce seul cas la valeur des arguments est à bien peser pour ne pas que la dialectique nous entraîne

    dans la frustration d’être réfuté et qu il lemporte finalement, bien quil ait objectivement tort, et quantité

    darguments sont facilement contestables que lon peut entendre couramment

    Largumentation logique

    Fondé sur un raisonnement qui emprunte ses principes aux théories logiques des

    mathématiques : le monde est réduit a des hypothèses limitées dans un monde abstrait

    (modèle) et construit. La portée du raisonnement ne vaut que pour cette réduction.

    Largumentation dautorité

    Untel la dit et est docteur ou professeur duniversité (rejeté par ses pair ou pas dailleurs )

    Rappelons dans ce cas que si la valeur intellectuelle dune personne est validée par tout un

    processus de sélection, ses compétences sont toujours limitées à segment très court de la

    connaissance humaine, et en particulier laccession du titre de docteur tout comme laccession

    du titre de professeur se fait sur un travail poussé, soit, mais sur un sujet extrêmement précis et

    focalisé” du genre :le nombre de tâches brunes sur les zèbres de lAfrique continentale

    Largumentation de fait irréfutable

    Cest celle qui remporte le plus dassentiment : l’énoncé dun fait irréfutable, qui a plus ou moins

    de rapport avec la proposition, mais qui remporte à coup sur lassentiment à coup sûr : tu es

    bien assis sur un chaise !

    Dénoncé à juste titre dans le petit traité de manipulation à lusage des honnêtes gens le but

    visé est lespoir que lesprit de son interlocuteur convaincu sen laisse ainsi conter sur les autres

    points de la thèse qui sont eux discutables.

    Trois argumentaires qui me piquent personnellement les yeux,

    et lobjet du débat de ce soir est bien didentifier ces catégories darguments, den

    dénoncer les imperfections, ou den identifier leurs qualités propres

                Ce texte a été écrit par "Stéphane" dont le sujet avait été retenu la dernière fois : il servira de point de départ à la discussion.                                                                                  

     

  2. En réaction à l’Atelier du 11 Juin 2014 : Qu’est-ce qui fonde le raisonnable aujourd’hui ?

    Le « aujourd’hui » du sujet induit  que le « raisonnable » varie. Etonnement ! La raison ne fonderait pas le raisonnable ? La raison ne déterminerait pas le référent du raisonnable ? Veut-on insinuer que ce serait l’affect ? Vieille querelle ; réponse : les deux sans doute. Par contre, la manière dont ce référent est choisi, compte tenu de ces deux facteurs, la logique et les sentiments, ne serait-elle pas le vrai problème ? Le choix, qui, somme toute serait dit raisonnable parce qu’il conditionnerait la sur-vie (peut-on dire autre chose ?), ne s’inscrit-il pas dans un faisceau de données contradictoires d’une part, individuelles et collectives d’autre part ?

    En effet, il  apparaitrait que dans la recherche d’une « sur-vie » où l’individuel prime à outrance, serait raisonnable tout ce qui permettrait  de trouver l’équilibre à l’abri de toute interférence extérieure : interférence par rapport au soi-même, par rapport au système rationnel dans laquelle s’est lovée la personne (impossibilité de faire le deuil de quelles que données que ce soit).

     Par contre, dans la recherche d’une « sur-vie » où s’exerce un jeu subtil entre les données caractérielles de l’individu et les constituants de la collectivité - limites personnelles (capacité à supporter la frustration ; capacité à résister), empreintes de la société / évolution des connaissances scientifiques, de la technique ; organisation de l’économie ; prépondérances  idéologiques -, serait raisonnable alors, ce qui semblerait le plus porteur d’énergie pour agir et rendre le plus apte à intervenir sur ce qui est donné.  

    Mais si les fondements du raisonnable varient selon la constitution de chacun, selon l’acteur que nous sommes, ils varient aussi selon la scène du monde.

    Aujourd’hui, quoi de nouveau ? Une complexification surtout. Un monde auquel la science a apporté des moyens autres, pour le meilleur et pour le pire, pour détruire et prolonger la vie. Le référent du raisonnable peut donc changer.

     - Sois raisonnable, mange ces légumes !  dit la maman qui veut que l’enfant ait une bonne santé

    Aujourd’hui, dans la société d’abondance dans laquelle nous évoluons, oui, la santé peut être prise en référence mais il fut un temps où l’essentiel était  de « manger » !

    Ou :

     - Sois raisonnable, arrête de jouer et fais tes devoirs : tu vas avoir une mauvaise note !  dit encore la maman qui veut donner le maximum de chances à l’enfant.

    Aujourd'hui, jusqu’à maintenant, la réussite scolaire assurant la réussite sociale de l’adulte, était le référent, fondait le raisonnable. Mais avec la profusion des diffusions de connaissances, la modification de l’économie, la réussite scolaire est-elle le garant d’une bonne formation de l’esprit ou de la réussite de la vie sociale ? Un  développement psychologique qui permet l’autonomie, l’adaptation, la résistance, un développement qui prend racine dans la première activité structurante de l’enfant : le jeu, n’a-t-il pas à être considéré ?

    - « Cacher un homme en cavale ou, un juif (puisqu’il en fut question) ! », est-ce  raisonnable ?

    - « Faire travailler des gens pour un salaire de misère ! », est-ce  raisonnable ?

    - « Faire la guerre ! », est-ce  raisonnable ?

    - « Faire éclater le couple parental ! »  est-ce  raisonnable ?

    On pourrait décortiquer tous ces exemples et on se rendrait compte, sans doute, que le dit-raisonnable qui est accroché à un référent qui varie selon chacun, selon les sociétés, les moments et les périodes historiques, est multiple. Mais, aujourd’hui comme hier, tout ne s’équivaut pas : à chacun de voir avec lui-même, sa raison, sa sensibilité, avec ou/et sans les autres,  où sont ses intérêts, « les » intérêts.

    De toute façon, il faut, d’une part, semble-t-il,  pour ne pas « se perdre », parfois perdre beaucoup et d’autre part, aller aussi jusqu’à faire perdre les autres : Humain trop humain !!!! La lutte de la vie et de la mort, tout simplement, que l’imaginaire de cet être doué de raison  rend parfois étrange.

    Geneviève 

     

Séances précédentes :

Passion, désir, besoin

La fonction du désir

Le corps, la jouissance et le langage

La jouissance au coeur des contraires

Bilan 2011/2012

Peut-on penser/maîtriser le changement ?

Quelles règles ? Détermination du thème.
Peut-on penser/maîtriser le changement ?
Doit-on connaître pour maîtriser ?
Le changement : contrainte ou choix ?
Que devons-nous changer ?
Qu'est-ce que penser le changement ?
Le rôle de l'intersubjectivité dans la pensée et la maîtrise du changement ?
Changement ou éternel retour ?
Fin du thème : Peut-on penser/maîtriser le changement ?

L'origine de la notion de réalité

L'origine de la notion de réalité
Est-ce qu'on voit ce que l'on croit ou est-ce qu'on croit ce que l'on voit ?
Toute pensée est-elle une réalité ?
Au commencement, était-ce le Verbe ?
La conscience est-elle dans la réalité ?
Le réel est-il intelligible ?
Le réel comme présence ou comme croyance ?
Comment le faux peut-il produire le vrai ?
Le rôle de l'émotion dans la recherche de la vérité ?
L'art permet-il de connaître l'origine de la réalité ?
Peut-on penser l'origine de la réalité ?
Comment peut-on dire qu'une chose est imprévisible ?
Détermination du thème

Quelle est la nature de nos pensées ?

Qu'est-ce qu'une idée ?
Est-ce que la pensée est un processus continu ?
Quelles sont les relations entre le langage et la pensée ?
Comprendre le monde, est-ce le penser ?
Les différents modes de conscience ?
Peut-on penser l'impensable ?
La pensée est-elle réductible à la matière ?
Quel phénomène fonde l'expression "la pensée" ?
Peut-on penser sans croyance ?
Peut-on entraver la liberté de penser ?
Y-a-t-il des liens entre la liberté individuelle et les libertés collectives ?
L'esclave : oui-non ou plus ou moins ? de qui ou de quoi ? ?
La réflexion dégrade-t-elle l'intuition ?
Peut-on définir la conscience ?
Peut-on penser sans langage ?
Peut-on faire un atelier philo sans mots ?
La pensée et le temps ?
La limite du langage ?
Qu'est-ce qui fonde le raisonnable aujourd'hui ?