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En écho à l'Atelier Philo du Mardi 8 Janvier 2019 « Il n'y a pas d'amour heureux » « Amour »... encore un mot qui chante, ce qui signifie que la difficulté à s'extraire du particulier de sa subjectivité pour l'analyser ne peut qu'être grande … et ce, d'autant plus, quand il s'agit, comme ici, d'évoquer le « chagrin » qui lui serait inhérent ! Les romantiques aiment souffrir et le commun des mortels cherche l'amour et le bonheur. Avec l'amour, on espère détenir la clef qui ouvre toutes les portes en oubliant qu'une clef sert aussi, parfois, à les fermer ? Mais de quoi parlons-nous exactement ? De quel bonheur ? De quel amour ? Nous venons de traverser, avec l'industrialisation et le capitalisme, une période historique où tout est « objet » . L'amour, ne serait-il qu'un « corps » désiré ? Ne serait-il qu'un « sexe » qui réclame « la jouissance », jouissance si aléatoire, si fugitive, si ponctuelle qu'il serait difficile de parler de bonheur ? L'amour, ne serait-il qu'un corps qui, pour être « objet de désir » se « décore », s'expose mais se refuse quand le désir, chez l'autre, est né : le « rêve » d'un certain bonheur préservé à tout prix ! L'amour, ne serait-il qu'un sexe qui « s'impose » dans le corps d'une personne qui détient une autorité économique ou morale sur une autre : plaisir de « l'encanaillement » (amour avec la soubrette, le garçon de café, la secrétaire etc..chaque milieu a ses mœurs !) ; ou bien « repos » de n'avoir pas à défendre cette identité contraignante, qui reste toujours à démontrer, réclamée par un pair ; à moins qu'il ne s'agisse que du « contentement exacerbé » du sentiment de domination ou de la crainte de sa perte. Alors, du bonheur ? oui, un peu. L'amour, ne serait-il qu'un sexe utilisé comme une « arme » pour faire « exploser » une situation où plusieurs personnes sont impliquées : satisfaction, bonheur d'échapper à une remise en cause de « ses » intérêts personnels ! Le corps, le sexe peuvent donc être utilisés comme des « objets » qui ne feront guère sortir la personne d'elle-même, personne qui risque de finir, elle aussi, comme une chose : close, massifiée, embourbée dans son ornière. Autre chose est l'amour né de la rencontre avec l'autre, ou plutôt, de la « tentative » de rencontre. Le désir de cette rencontre, tout à la fois nourri par la pensée enracinée dans le corps et le corps traversé par cette pensée, insuffle la vie chez les deux partenaires qui, ainsi, persisteront dans leur être, chacun seul et en même temps ensemble de façon momentanée du moins. Pas de fusion, pas de confusion, pas de possession mais « l'altérité » garante, par son exigence, du mouvement, de la création, du désir. Inconfortable, certes, cette porte ouverte à tous les possibles et, donc, à la merci d'un coup de vent : il n'y a pas d'amour, non pas « heureux », mais « tranquille » ! Mais qu'espérer de plus que cet entretien de l'élan vital, même limité dans le temps, même éphémère, et parfois douloureux (aimer n'exclut pas la blessure), qui permet de faire barrage à la mort ? Enfin, n'oublions pas que l'amour où le corps entre en jeu directement, n'est pas la seule forme d'amour. Sans se limiter à l'amitié, l'amour des autres, de ceux qui partagent la même vie sociale d'un moment historique donné, l'amour maternel, l'amour paternel, l'amour filial etc... et puis aussi l'amour du Beau, ne doivent-ils pas, eux aussi, offrir les mêmes caractéristiques ? Alors, quittons le Romantisme et l'Idéalisme d'un Corps sans sexe ou d'une Raison sans corps, et contentons-nous de dire : l'amour est difficile . Encore une fois, faire l'impasse de la pensée ne semble guère possible : l'amour n'est donné qu'en partie, il faut le construire et qui plus est, sur un terrain miné (le silence du monde qui refuse de livrer son « sens », l'Inconscient, les données sociales incontrôlées, les enjeux économiques et politiques ignorés)... GENEVIEVE Ateliers précédents non repris sur le site : "L'appétit vient en mangeant" / "On est tous au même point" / "J'y crois pas !" / "C'est mieux à plusieurs." / "Tout se paie." / "Vive l'incertitude !" / "Ne craignez pas d'avancer, craignez seulement de rester su place."/ " Les jeunes veulent grandir, mais les vieux veulent redevenir jeunes." / "Il faut juger les juges."/ "Au bout du compte, on est tous dans le même monde."/"L'ubérisation, une bulle."/ "L'avenir est ouvert."/ Es-tu bien sûr d'être certain de savoir ce que tu penses connaître ? |
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