Atelier  Philo

En écho … à l'Atelier Philo du 15 Septembre 2020

« La politique a-t-elle pour but le bonheur ? »

C'est un joli nom Camarade                                                           Ils mettaient la Nature aux pieds de leurs chansons

C'est un joli nom tu sais                                                                  Ils mettent leur voiture au pied de leurs maisons

Qui marie cerise et grenade                                                            Les romantiques

Aux cent fleurs du mois de mai                                                       Ils regardaient la nuit dans un chagrin d'enfant

Pendant des années Camarade                                                      Ils regardent l'ennui sur un petit écran

Pendant des années tu sais                                                            Les romantiques

Avec ton seul nom comme aubade                                                Ils recevaient chez eux, dans les soirs de misère

Les lèvres s'épanouissaient                                                           Des gens « vêtus de noir » qu'ils prenaient pour leurs

Camarade Camarade                                                                                                                                         frères

Jean Ferrat                                                                                     Aujourd'hui c'est pareil mais  fraternellement ,

                                                                                                      Ils branchent leur destin aux « abonnés  absents »

                                                                                                                                                              Léo Ferré

Le bonheur ! Sa dent, douce à la mort.

Rimbaud

De la Poésie  en tempo de cette interrogation : pourquoi ?

L'Atelier-Philo de ce Mardi 15 Septembre 2020, qui se poursuit « en Off » par l'ébauche d'une discussion sur le « langage » : est-ce un hasard ?

En effet, la séance de l'Atelier, enveloppée dans une crise sanitaire et une crise économique, lovée au sein d'un quartier réputé « chaud », basée dans un lieu public créé pour des personnes autistes, sauta à pieds joints sur le premier mot de la phrase : la « Politique » et choisit de commencer par le « Bonheur » : le « romantisme » de Léo Ferré était plus important que le « politique » de Jean Ferrat ; tous les deux cependant pointent bien le collectif, l'un parlant de camarade et l'autre de frère.

Or, l'autiste  et sa difficulté de rapport à l'autre, le quartier et sa vente-achat effrénée du Rêve, les difficultés financières et la condamnation à la survie , le Virus et son rappel de l'existence de la mort, tout concourt à ne plus très bien voir à quoi ce concept de « Bonheur » correspond. Rimbaud, lui, quitte « l'affect » du politique  pour ne considérer qu'un fait, sans état d'âme : la mort.

Qu'est-ce que la mort ? N'est-elle pas l'arrêt des possibles ? Arrêt du développement de la chair (mort biologique [objet d'étude de la Science]), arrêt de la reconstitution du corps (privation de nourriture etc...[objet d'étude de l’Économie]) , arrêt du désir de la rencontre avec l'autre, arrêt de la circulation de l'énergie (dépression [objet d'étude des Sciences humaines]), arrêt de la pensée (disparition du sens [objet d'étude de la Philosophie ]).

Alors, la préoccupation, le but du Politique qui concerne des hommes dans leur vivre ensemble dans un lieu géographique, à un moment historique donné, avec une certaine Culture, ne se résoudrait-il pas, à cette lutte contre ces arrêts, à ce souci d'entretenir l'existence des possibles, réellement et aux yeux de tout un chacun, à l'intérieur du collectif ? Faut-il nommer cette émotion qui accompagne ce non-clos, ces portes maintenues ouvertes entre les différents domaines, cette infaillible créativité, cette circulation de l'énergie, le « Bonheur » ? Ce n'est pas certain car la connotation religieuse de ce mot tendrait à gommer le mouvement, la contradiction, le refus d'une Vérité, qui sont inhérents à une telle problématique. L'écrivain Céline dit :

« Dans l'Histoire des temps la vie n'est qu'une ivresse, la Vérité c'est la mort ».

Geneviève