Atelier  Philo

Dans quelle mesure avons-nous la possibilité de « remettre en cause » notre conception du monde ?

« Remettre en cause » : Revenir sur une décision, remettre en question.
« Conception du monde » : une vision du monde (quelle place de l'homme dans l'univers ? Matière ? Dieu ? Absolu ? Le statut de l'autre ? La société ? La connaissance ? Essence ? Matière / esprit ?l Le bien/le mal ? Le Corps ? Etc...etc... Et donc..... la liberté ? Etc....

…. il fallait bien penser le changement en lui-même [Jacques]

  Sans doute ! Mais avant d'en arriver là, il est, avant tout, important de bien considérer que dans le cas précis, il ne s'agit pas du changement de n'importe quoi, mais du changement d'une vision du monde (celle d'un individu ou d'une société) qui remet en cause assez brusquement, à l'occasion d'une rencontre, d'une situation, d'un événement, toutes ses représentations, et donc toute son échelle de valeurs . [Geneviève] Il ne peut s'agir, là, d'une démarche progressive (ou partielle) telle que l'évoquèrent, avec Kant, David, ou [Régis] qui pointera, chez certaines personnes « un rapport à la vie » plus « pratique » que conceptuel (cf. Jankélévitch) ou bien, encore, les modifications d'une personnalité s'opérant dans des situations d'exception comme la guerre , ou, enfin, pour d'autres encore, le couple indissociable « pratique/abstraction » creusant « un écart » lieu du glissement de l'avant et de l'après (Fraçois Jullien). Mais il ne peut s'agir non plus d'une simple évolution advenant quand « on est prêt » [Laurent]. Nous ne sommes pas dans le bricolage.

C'est une démarche RADICALE : un saut.

Est-ce possible ?

Il est, certes, vrai qu'avant de considérer un tel changement, il est nécessaire de considérer, chez la personne, une Capacité  à « VOIR », à « CONCEVOIR » de façon différente  de ce qu'elle avait coutume, jusqu'alors, de le faire dans sa quotidienneté (cf. « L'ouverture d'esprit » récusée par Laurent) ; ce n'est effectivement pas toujours possible ; nous ne sommes pas aptes spontanément à « TOUT » comprendre : nos « srtuctures mentales » peuvent être un frein (je projette, j'utilise des prismes anciens de lecture etc...). [Geneviève] .

Parallèlement à cette souplesse mentale, sans doute faut-il noter, chez la personne, une souplesse psychologique, une plasticité  (cf. les Stoïciens : [Régis]).

Cette personne se doit d'avoir, d'une part, une grande capacité d'accueil de l'extérieur, d'un extérieur où le jugement de l'autre ne la constitue pas, même s'il participe à son être, même si ce regard est globalement digne de considération.

Cette personne se doit d'avoir, d'autre part, une capacité d'adaptation : une faculté à supporter les « pertes » matérielles, affectives, individuelles (distanciation des amis) et collectives (cf. excommunication ; Exclusion du Parti communiste etc...) et ce, sans acrimonie, sans agressivité, sans reproches et en même temps sans prosélytisme non plus, l'individu s'inscrivant obligatoirement dans une histoire  : le respect de la différence avec ce qui est délaissé s'impose.

Au final, bien sûr, entre en jeu sa capacité à avoir un mode de vie autre : il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir.

Il reste que le changement ne s'opère pas « contre » même s'il y a critique et abandon de certaines données et sans doute rapport de forces , mais « pour » : c'est l'ouverture d'un champ de possibles pour la globalité de l'individu [Jacque : le désir]. Ce ne peut être simplement l'affaire de niveaux de conscience (cf. les EMI de Régis), ni d'affects : ce n'est pas une simple prise de conscience, ni une simple « fugue » mais un saut. Ce n'est pas une « révolte », c'est une « révolution ». C'est donc aussi l'affaire de l'esprit, ce propre de l'homme, avec sa Raison et son Imaginaire [Jean-Pierre]

Alors, pour le fun, écoutons Léo Ferré …......

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent

La plupart fils de rien ou bien fils de si peu

Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux

les anarchistes [ou, les Philosophes, peut-être, pourquoi pas?]

Geneviève