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L’ATELIER PHILO…
Historiquement, « l’atelier
philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés
philo » des années 1995-2005.
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Dans
la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un
débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ;
chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre
point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de
compréhension et de critique.
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Dans
la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal
de l’atelier.
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"ECHO Qu'est-ce que la folie ? Atelier philo du 28 Février 2023 Le soleil s'est brisé en deux... Le gaz coule dans le caniveau...
Des mots liés, organisés de façon totalement inhabituelle … Des mots, des phrases, qu'il ne peut plus prononcer … Des mots, tout à coup jetés, projetés avec exultation et dans lesquels il se noie...
Un corps qui est de trop, qui est absent, qui désire sans désirer... Désir sexuel singulier...
Qui est-il ? Il ne sait pas. Il se prend pour un autre Qui sont les autres ? il les confond L'autre est peut-être celui qu'il faut « tuer » pour exister « Travailler » pour pouvoir manger, se vêtir, se loger, il ne peut pas... Notre société va prendre en charge cette personne de façon fort spécifique. Elle a créé une institution appelée « Hôpital » qui va lui donner le gîte et le couvert ; qui va calmer son agressivité ; qui va endiguer « l'élan vital » ; qui va endormir la douleur . Il a les moyens : les électrochocs, la lobotomie, les neuroleptiques etc... Cette personne, n'est-elle pas, en effet, un malade comme un autre : un « malade mental » ? La science a su, à un moment donné, peser son cerveau pour évaluer la « lourdeur de sa folie » ; aujourd'hui, les Neurosciences l'examinent. Il est « fou », tel est son statut social. L'ordre social et moral est sauf : le « malade mental » ne dérange plus ; on s'en joue même, éventuellement, comme d'un bouffon ; il est écarté de la famille qui en a honte (miroir d'elle-même) ou qui, plus prosaïquement, sauvegarde l'argent en se substituant à lui comme personne civile. Mais, s'il n'est plus une personne civile, il n'a pas « droit au chapitre », droit d'exprimer son opinion, droit de parler. Le milieu qui lui assure la survie biologique – l'Hôpital- l'exclut. Force est de constater que les codes de son langage sont différents. La logique de sa raison, semble autre ; dans son langage, des béances par lesquelles surgissent, du fond de son être, des données insoupçonnées, sans doute inconnues de lui-même parce qu'il ne veut pas les connaître, mais qui sont d'une grande force, brisent la vision propre à la culture du moment. Ce qu'il dit n'a pas le sens convenu, attendu : il est « insensé ». Mais, il est des « insensés » capables d'assurer leur survie biologique et de développer une conception autre de la société : on les appelle des Utopistes ; ils font prendre la distance nécessaire à une compréhension plus précise de la chose publique. Mais, il est des « insensés » capables d'assurer leur survie biologique et de proposer un système de valeurs différentes : on les appelle des marginaux, des contestataires, des perturbateurs, des révolutionnaires...et parfois on les enferme, non pas à l'Hôpital mais dans une Prison. Ils alimentent la Pensée. Mais, il est des « insensés » capables d'assurer leur survie biologique et de dévoiler un nouveau monde physique : on les appelle des Savants Mais il est des « insensés » capables d'assurer leur survie biologique et de jouer avec les codes du langage : on les appelle des Artistes ; ils proposent d'autres visions de la réalité. Certes, dans chacun d'entre eux, certainement, « il y a de la folie » ! Geneviève
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