|
||
L’ATELIER PHILO…
Historiquement, « l’atelier
philo » s’inscrit à la fois dans la continuité et la rupture des « cafés
philo » des années 1995-2005.
-
Dans
la continuité, car il ne s’agit pas de conférence, ni d’exposé, (même suivi d’un
débat), de la part de quelqu’un qui, possesseur d’un savoir, viendrait le transmettre ;
chaque participant, quelle que soit sa compétence, s’exerce à exprimer son propre
point de vue, sur lequel il permet ainsi, à chacun, d’opérer un travail de
compréhension et de critique.
-
Dans
la rupture aussi, par conséquent, car ce travail en commun devient l’aspect principal
de l’atelier.
|
||
"ECHO"... Quand le temps passe, il va où ? Atelier Philo du 28 Juin 2022 « Doucement, cocher, nous sommes pressés ! » Pour le passager de cette voiture à cheval, la « qualité » du Temps passé à parcourir l'Espace qui le sépare de sa destination semble plus importante que la « vitesse ». Il semblerait que ce « lieu » où il se rend soit si sérieux qu'il ne peut être manqué et qu'il se doit de rester provisoire. Or, l'ultime lieu, pour un homme ordinaire, n'est-il pas « la Mort » ? Une « Destination » finale marquée par une disparition de la Temporalité ? A moins qu'elle ne soit qu'un « Passage » à un état de type autre dans un lieu spécifique: l'Eternité ? De prime abord, avec ce passager, nous mesurons l'importance du « temps vécu » au sein de la personne humaine . Son sens peut varier : peur de rater le but fixé (« arriver à temps » [l'avenir]; douleur du « non-retour », du sentiment de perte (irréversibilité du temps)[le passé] ; souffrance d'une attente ou d'une fuite rapide du moment, ou bien d'un sentiment d'arrêt du temps générant l'ennui si l'inaction est prolongée [Fabien] [le présent]... Inversement, Joie, dans l'expérience esthétique, de se vivre hors d'un certain temps [Brahim]. Mais tous ces vécus ne sont-ils pas culturels ? En Chine, « Rien n'est urgent, il n'y a que des gens pressés »[Moustapha]. Pourquoi ne pas remplacer la préoccupation du « Projet » [Alicia] par un souci de « Vivre à propos » ? etc... D'un autre point de vue, ne voyons-nous pas, au sein de la société actuelle, l' « Argent » se subtitier au repère « Temps » : « le temps, c'est de l'argent !» ? Qu'importe l'objet bien-fait que l'ouvrier a pris le temps de façonner ! Le produit, vite-fait - car l'abondance s'impose pour être rentable - l'a remplacé. La technique, alliée à une certaine idéologie, n'a-t-elle pas déhumanisé, au XXIième siècle, un temps en fusion avec l'Espace (cf.les nouvelles technologies): toujours, toujours plus : plus loin , plus vite... Au final, force ne nous est-il pas de constater que, peut-être bien, « tout ce ressenti » n'est qu'une donnée dans l'analyse de cette notion du temps ? La science offre une pluralité de théories qu'il semble difficile d'ignorer. Notre conception du temps ne suit-elle pas les découvertes scientifiques ? N'oublions pas que nous sommes passés d'un temps rythmé par le jour et la nuit (le Cadran solaire), par les saisons, à un temps rythmé par la cloche de l'Eglise (la religion), cette dernière étant relayée par la pendule du Village (le travail) puis par l'horloge des quais de gare (le commerce) [Fabien]. Certes le temps apparaît, là, à un certain niveau, principalement au niveau de la vie sociale, comme un « repère » du mouvement [Jean-Pierre]. Mais de façon plus théorique, les physiciens d'aujourdhui n'en sont-ils pas à nier l'existence du temps ? Devons-nous parler d' « instants » [Fabien] ou de « facteurs corrélés »? Comment considérer ce fameux « mouvement » [Laurent]: est-il continu (cf. Zénon) ou discontinu (cf.Héraclite) ? a-t-il une direction (cf. La flèche du temps) ou n'est-il qu'un « équilibre »? Plus qu'un mouvement le monde ne peut-il pas être un réseau d' « évènements », un déroulement avec une suite de « surgissements » ? « Chaque chose en son temps » [Brigitte] Quoi qu'il en soit, avec les roues de la diligence (données physiques), le cheval (données biologiques), le cocher (données économiques), le passager (données existentielles) ne sommes-nous pas face à « plusieurs » temps qui en définitive inter-agissent ? Au final, s'il semble difficile de considérer le temps comme une « substance », il semble fort difficile à l'homme d'y renoncer , de totalement le faire « passer à la trappe » (cf. la forme a priori de la sensibilité de Kant). Geneviève
|